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Il faut beaucoup de morts pour en parler

Il y a deux choses qu’on apprend le premier jour dans n’importe quelle école de journalisme : la loi de proximité et la loi du mort au kilomètre. J’évoquerai aujourd’hui la seconde. Pour résumer, il faut beaucoup de morts pour parler de quelque chose qui se situe loin géographiquement.

Regardez dans n’importe quel journal d’actualités, vous verrez les faits divers remplis de pierres tombales anonymes par de sordides événements et à moins d’une catastrophe naturelle lointaine (les tremblements de terre et les tsunamis sont bien pour ça), on dépasse rarement les frontières en-dessous de quelques morts. Et pour quoi faire?

S’informer? A quoi bon? Vous vous souvenez de cet entonnoir de la réalité dont je parlais, eh bien, en journalisme on suppose que les morts font vendre mais plus c’est loin, plus il en faut pour en parler. « Les trains qui arrivent à l’heure n’intéressent personne » entend-on parfois. Ensuite c’est l’histoire de l’œuf et de la poule : les lecteurs achètent ce qu’on leur propose et les journaux vendent ce que les lecteurs demandent.

Vous vous sentez révoltés en lisant ces lignes? Ne le soyez pas. Si vous évitez de porter votre attention sur ces morts, non seulement ils resteront morts, mais vous économiserez votre énergie. Parce que, vous voyez, les informations, comme le tabac, l’essence, la nourriture sont des produits de grande consommation. Vous n’en consommez plus, et vous pouvez mettre l’énergie d’une pensée à autre chose.

Plus besoin d’argumenter, de se battre avec l’opinion du voisin. Et puis, les faits vécus forcent plus facilement un changement qu’une histoire mal racontée. On apprend à conduire sur la route en roulant, non pas en lisant le nombre de morts accidentés du week-end dernier. (J’en profite pour vous glisser une astuce. La limitation à 80km/h vous révolte. Respectez cette vitesse maximale. Si demain, tout le monde respecte la limitation, plus de rentrées d’argent. Je sais pas si ça changera la loi mais on pourra se gausser de plus être des vaches à lait, sans effort en plus, juste par l’intention…)

C’est fou finalement comment on élargit sa sphère d’influence quand on restreint sa réalité au voisin. Dans toutes mes théories, je ne comprends toujours pas pourquoi cette force quantique permet une telle misère dans les pays en guerre, les pays pauvres où des gens meurent de faim. Pour les autres, ici, en Europe par exemple, le libre arbitre fait son travail.

J’en profite pour vous donner deux trains qui arrivent à l’heure :

-il n’a plus de bras, ni jambes mais il est heureux et relie les cinq continents à la nage.

-Elle a 90 ans, le cancer et part faire le tour des Etats-Unis en camping car.

Vous n’avez pas non plus grande influence sur ces deux précédentes actualités mais vous admettrez que ça met du baume au cœur. Portez votre attention sur quelque chose qui vous plaît. Si la guerre éclate demain, ou une zombie apocalypse, vous aurez ses souvenirs heureux accrochés à vous comme un porte-bonheur. Pour tout le reste, laissez l’univers se débrouiller, ou donnez lui un peu de joie, il vous le rendra. Promis.

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