Vous sentez l’air poisseux? Si les émotions génèrent de l’énergie (c’est-à-dire une transformation de la matière qui va au-delà de votre physiologie), il doit bien y avoir une sale ambiance en ce moment autour de vous. Pour peu que vous soyez pris à la gorge par des problèmes financiers (c’est à la mode en ce moment) ou par des problèmes de santé (c’est aussi à la mode), il doit être plutôt difficile de garder le sourire, ou même de rire tout court. Pour enfoncer le clou, en général, on se retrouve à subir les événements qu’on ne maîtrise pas (flux économiques, épidémies, entourage toxique…).
Et pourtant et malgré tout, en plus de penser à Arlette, je pense à moi. C’est une excellente façon d’affronter les événements et de créer cette illusion qu’on avance. Je pense plutôt qu’on se transforme et que ce changement est la fameuse énergie dont on parle. Le passé et le futur, c’est une illusion bien pratique pour se construire une image de soi.
A une époque pas si lointaine (six ans), je construisais mon image de moi dans l’armée. La fatigue des débuts me poussait à me pisser dessus pendant mon sommeil. J’aimerais être moins vulgaire, mais quand on se retrouve à 27 ans, le sac de couchage humide par l’urine parce que le froid et la fatigue ont été plus fort que votre réveil, on dit « qu’on s’est pissé dessus ». J’ai aussi appris que si on vous jette dans l’eau avec tout vos vêtements (ou sous une pluie battante pendant des heures) il ne faut que 24 heures pour sécher complètement.
Après il n’est pas nécessaire d’aller chercher si loin pour être content d’être au chaud malgré les chutes de neiges de ces derniers jours. Regardez n’importe quel conflit au Moyen-Orient avec ces images de gosses sous le feu des bombes pour vous dire que finalement, « c’est pas si mal en ce moment ». Mais si c’était si simple, on se mettrait une photo d’enfant qui meure de faim en fond d’écran pour se réconforter quand on en a marre d’attendre qu’une personne trouve l’appoint de sa monnaie à la caisse du supermarché.
Alors, pourquoi on n’est pas content? On arrive à un stade de l’humanité où les besoins vitaux sont de manière générale assez satisfaits. Même s’il reste quelques 800 millions de personnes qui souffrent de la faim dans le monde, ça représente 10% de la population. Si la même proportion en surpoids liée à une suralimentation trouvait les moyens de mieux répartir cette nourriture, le problème serait résolu. Mais si les problèmes se réglaient aussi simplement, il n’y aurait pas de guerre dans le monde…
Alors voilà! Et maintenant, on fait quoi? J’ai l’habitude de suggérer de faire des crêpes quand rien ne va car il y a un côté très réconfortant non négligeable et c’est parfois plus simple à faire et plus économique qu’une raclette. Le bonheur dépend tellement (et c’est une illusion je pense) d’éléments extérieurs, qu’à part l’apéro, on imagine facilement qu’il reste pas grand chose pour se redonner de la joie dans le cœur. On en vient à se dire qu’il faut marcher ou crever. On s’imagine alors dans une vie guerrière, à marcher une arme à la main, et une bible dans l’autre (vous pouvez remplacer la bible par n’importe quelle cause).
Puisque vous me lisez encore, je vous donne mon avis le plus sincère (parfois il est moins sincère parce que j’arrondis les angles) : je pense qu’il faut apprendre à marcher à poil dans la neige le sourire aux lèvres. Déjà parce que c’est quelque chose que vous pouvez faire seul, et qu’un élément extérieur peut difficilement vous enlever le plaisir à marcher de cette façon. Vous pensez que les aléas de la vie se règlent à coup de grandes décisions, et de grands changements? Croyez-le ou non, arrêter de fumer par exemple, est un tout petit changement mais aux conséquences incroyables.
De la même façon, générer une action positive, même juste une émotion positive, est beaucoup plus facile et demande beaucoup plus de courage que de se lancer dans une bataille héroïque. Vous voyez, la poisse contenue dans l’air peut vous rendre maussade, mais elle vous laisse le choix de chercher comment améliorer votre vie. Si vous attendez une augmentation, un nouveau partenaire, ou que la situation s’améliore, continuez d’attendre : ça s’appelle crever, comme un pneu sur le bord de route.
Vos émotions, vos décisions, vos actions vont engendrer plus de changements que la météo ou que n’importe quel gouvernement. Vous pouvez attendre, chercher de l’aide, chercher tout court mais peu importe pourquoi vous avez crevé au bord de la route, il faut bien chercher à redémarrer.
Quel est le dernier livre que vous avez lu?
Quelle est la dernière recherche google que vous avez effectué?
Quelle est la dernière personne avec qui vous avez mangé?
Avec qui ou quoi avez-vous passé vos dernières 72 heures?
Pour toutes ces questions, assurez-vous si ce n’est pas le cas d’éprouver du plaisir, et que ça vous rende heureux à long termes. Lire du Bukowski, en regardant sur google « complot mondial », avec un pote alcoolique qui vous propose de fumer un kilo d’héroïne a peu de chance de générer du bonheur à long terme. Mais le plus fou, c’est que si vous êtes dans cette situation, c’est vous qui vous êtes mis dans cette situation.
Mais si vous vous retrouvez à lire « Votre Santé, Votre Pognon« ; que vous cherchez sur google « améliorer mes compétences pour les vendre », avec une amie qui compte pour vous et votre famille, après avoir fait un bonhomme de neige et des crêpes, alors l’air est moins poisseux. (Prends ça conspiration mondiale!).
Vous devenez alors comme Adam et Eve : à poil et heureux. Le plus fou dans tout ça c’est que demain ressemblera à un Lundi ordinaire pour beaucoup d’entre nous. Mais au moins vous savez maintenant que vous avez le choix de garder le sourire, quel que soit le lundi qui débute.
Portez-vous bien,
Boris
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